Dans la mesure du possible Mange Disc vous proposera à travers cette rubrique des interviews d'artistes.

Interview par mail de David Lespes, leader du groupe Pull et bassiste/guitariste de Calc

Le 23 octobre 2005

Mange disc : Pour les lecteurs du site, peux-tu te présenter et nous faire un petit historique de Pull ?

David Lespes : Je m’appelle David, j’habite à Bordeaux, j’ai commencé à faire de la musique en 1990 dans un groupe appelé Mary’s Child qui a splitté en 1998. Pull, ça a commencé en 1996 avec Julien Pras (Calc) que je venais de rencontrer et avec qui on avait une passion pour toute la lo-fi américaine de l’époque (Sebadoh, Smog, Butterglory etc…). On enregistrait des morceaux chez ses parents dans sa petite chambre avant de sortir le soir faire les idiots, c’était l’été… Kim nous a convaincu de sortir tout ça sur un 33t., ça aurait pu s’arrêter là et non, en fait… Nous commencions Calc à ce moment là, et tout ceci se passait en alternance, un coup Pull, un coup Calc. C’est encore un peu le même fonctionnement maintenant après 4 albums de chaque groupe, à la seule différence que Pull est devenu un peu plus mon « projet » et Calc est resté le « projet » de Julien.

M.D. : Comment qualifierez-tu votre musique ?

D.L. : La musique de Pull n’est pas novatrice, ni franchement moderne, ce serait plutôt une image, voire un instantané de notre passion pour certains groupes ou une certaine culture. Les premiers morceaux de 1996 se voulaient des parodies de Butterglory, nous y sommes pas forcément arrivé et Pull est devenu Pull mais l’idée première c’était ça.

M.D. : Quelles sont vos principales influences ?

D.L. : Je dirais en vrac, Butterglory au début puis Sebadoh, Pavement, et plus récemment Guided by voices, à qui on voue un culte absolu.

M.D. : J’ai l’impression qu’avec votre album My Head is a Building, le projet Pull a pris plus d’importance car jusqu’à présent il avait une place de « side project ». Est-ce le cas ?

D.L. : Pull a toujours valeur de side project et ce n’est pas un mal au contraire, cela nous aide, complète ou relativise l’implication qu’on a dans Calc (4 des membres de Calc jouent dans Pull). C’est une récréation même si à chaque album, Pull a un nouveau visage. Le dernier album a été fait en studio sur une période assez longue, où je me suis investi un peu plus que les autres, personnellement, même si Julien a signé la plupart de arrangements. Il représente juste l’envie qu’on a eu d’aller un peu plus loin qu’avant. Mais tout cela s’est fait au feeling sans avoir prémédité quoique ce soit, l’enregistrement aurait pu durer 2 jours comme 6 mois.

M.D. : Cet album paraît plus abouti. A-t-il été plus travaillé, mieux produit ?

D.L. : Nous sommes juste aller un peu plus loin que certaines fois, en prenant le temps d’essayer des choses…

M.D. : Es-tu influencé par la musique de Calc lorsque tu composes ? Si non, comment fais-tu pour faire la part des choses ?

D.L. : Bien entendu, je suis influencé par la musique de Calc, Pull évolue de toute façon en parallèle, mais ça ne se matérialise pas forcément en son ou mélodie ou quoi que ce soit, ça se situerait plus sur la motivation, l’envie d’avancer et de faire exactement ce que j’ai envie. Que ce soit Pull ou Calc, l’expérience de l’un sert à l’autre, notamment sur des façons d’enregistrer par exemple…

M.D. : La scène bordelaise a toujours été active mais j’ai l’impression que depuis quelques années elle a retrouvé son dynamisme d’antan. Qu’en penses-tu ?

D.L. : Je pense que la scène « pop » bordelaise a toujours été dynamique, ce qui se passe en ce moment est juste qu’elle est plus ouverte qu’avant, les familles s’entrecroisent plus, il y a moins de complexes peut être qu’auparavant. Certains endroits à Bordeaux ont favorisé l’accès à une scène à plus de monde, expérimentés ou pas et du coup plus de gens qu’avant se « jettent à l’eau », ce qui crée effectivement un élan nouveau et frais.

M.D. : En dehors de Calc, quelles sont tes relations avec les autres groupes bordelais comme Ginger Frolic, Call Gate ou bien d’autres ?

D.L. : Nous sommes quasiment tous de la même génération, nous nous connaissons tous, bien entendu à des degrés différents. Pour simplifier on pourrait dire que Pull sur scène maintenant ça peut inclure qu’il y ait un Jon Smith, quatre Calc, un People on holiday, le clavier de Kim, le manager de Calc, le dernier album a été produit par Paul de Ginger frolic, le premier par Kim, il existe un remix de Zooey. Nous sommes proches de plein de groupes depuis très longtemps, Sin Cabeza, Call gate, Miss noriko, Adam Kesher, The film, Aeroflot, etc etc etc…

M.D. : D’une manière générale, la scène française indépendante regorgent de groupes productifs (Syd Matters, Cyann & Ben,…), considères-tu qu’il existe une communauté ? Et si oui, quelle est votre position ?

D.L. : Je ne crois pas franchement au côté communauté. En revanche, nous avons eu l’occasion de nous faire de vrais amis au fur et à mesure des rencontres en tournée (de Calc principalement), comme les Cyann & Ben, Tahiti80, El boy die, des gens qu’on croise aussi ailleurs que dans des salles… On peut dire que ça dépasse largement le cadre musical.

M.D. : Avez-vous des liens avec d’autres groupes de la scène indépendante nationale ou internationale ?

D.L. : Vu l’activité qu’on a, ça se situe surtout sur les tournées de Calc, en vrac, les groupes avec qui on s’entend bien voire plus pourraient être, Dionysos, Morning star, Eiffel, Luke, Bubblies, Alamo race track, Girls in hawaii etc etc..

M.D. : Quels sont les groupes que tu apprécies et que tu écoutes en ce moment ?

D.L. : Toujours en vrac : Cyann & Ben, Sufjan Stevens, Broadcast, Bed, The National, Lighning Bolt, Fugazi, Domotic, Psychedelic furs, XTC, Guided by voices…

M.D. : Quels sont tes projets pour le groupe Pull ?

D.L. : Nous devrions sortir un 45t. avant la fin de l’année. Je vais essayer d’enregistrer un nouvel album au cours du premier semestre 2006, à Berlin, j’y déménage avec mon 4-pistes. Sinon, faire un concert à 8 sur scène en décembre à Bordeaux.

Merci beaucoup à David pour avoir accepter cette interview et d'avoir pris le temps d'y répondre.